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Bisaëlle
7 avril 2005

Lieux suite 8

Curitiba

En fin de première année, vu que j'ai des relations (disons un tonton qu'a pas mal voyagé), je suis partie en stage technicien-ouvrier dans une fabrique de chaussettes à Curitiba, Brésil.

Trop de la balle ! que je me dis. Si tant est que cette expression était déjà à la mode... J'achète les K7 de portugais-brésilien. Tudo bom ? Je ne dépasserai jamais la leçon 6... Et puis follement motivée, je m'envole.

J'atterris à Sao Paulo. Qu'est-ce qu'ils racontent, il fait pas si froid (c'est fin juin, donc le début de l'hiver) ! Je me balade toute seule en ville après m'être emmerdée une journée à un salon textile. Je prends le bus, le métro, comme une grande, je n'en reviens pas toute seule dans cette mégapole. Un petit tour au MASP pour une expo Dali. Et je me dirige vers le retour, l'estomac toujours vide parce que je n'ai pas osé goûter aux pastels vendus sur le bord de la route. Je me suis évanouie dans le bus ! Et pas au centre... On arrivait vers là où y'a plus du tout de goudron. Heureusement, c'était un étourdissement, les gens ont été très gentils et m'ont aidé à descendre. Dire que je suis rentrée dans le premier Mac Do qui s'est présenté. Là, je connaissais. C'est con, la mondialisation... Mais ça aide quand on est perdu. Et puis la nuit tombait (c'est mieux de pas être dehors à pied parait-il), j'ai pris quelques réserves dans un Mercadora et ai testé pour la première fois la Churrascarria,  restau de viande. Oh, que du bonheur! J'y ai mangé 5-6 fois en un mois et demi! Mais là, j'étais accompagnée par la femme du pote de mon oncle, qui possédait l'entreprise.

Et puis l'arrivée à Curitiba de nuit, j'ai une chambre pour moi toute seule. Le lendemain, il fait notablement plus froid, la ville est à l'intérieur des terres. Et j'apprends qu'il n'y a pas de chauffage dans la maison ! Le plus dur sera de se motiver à poser le pied dans la douche...

Ensuite, j'ai quand même bossé dans la petite usine mais ai vu pour la première fois une vraie skyline. Et puis je suis allée aux chutes d'Iguaçu et à Punta del Este un WE. Le paradis, les chutes d'eau. On a aussi pris la route des fleurs (en hiver y'a pas beaucoup de fleurs...) pour rejoindre l'océan, là pour une fois j'étais en T-shirt. Parce que mon premier achat au Brésil a été un pull en laine ! J'avais prévu le K-Way.

La ville de Curitiba est bien conçue, très humaine avec quand même 1.5 Mo d'habitants. Y'a un bus avec des couloirs réservés qu'ils nomment le métro du pauvre, super pratique pour éviter les engorgements. Le centre historique est réduit à sa partie congrue.

Je me suis tant bien que mal démerdée pour baragouiner. Faut dire que je regardais les séries américaines en VO avec sous-titres en portugais, alors ça m'a pas mal aidé.

Et surtout, je m'en suis mis plein de bide. Mmm, la feijoada, mmmm le barrodo...

Question contact, ça s'est très mal passé avec la bonne femme sur la fin, qui me reprochait je ne sais quoi et qui m'a interdit de mettre les pieds dans l'usine (alors que mon rapport de stage était enfermé dans l'ordinateur). Je n'avais plus d'argent, plus rien à lire, personne ne me parlait dans la maison, sauf la bonne... Elle m'a foutue dans le taxi, j'ai ensuite pris le bus de nuit jusqu'à Sao Paulo, rejoint l'aéroport et mendié ma taxe d'aéroport parce que le serveur pour les cartes VISA ne fonctionnait pas encore si tôt le matin... merci à tous les portugais (je voyageais sur TAP) pour leur gentillesse et leur compassion ! Noce tem un or dos reals per la taxa de aeroporto ? En gros...

Enfin, j'avais vécu un super mondial puisque c'était en 98... Les ouvriers, le lundi suivant la finale, alors qu'ils comptaient bien avoir un jour férié, pleuraient limite en me serrant la main. Toute la production était ralentie pendant le Mondial, que chacun puisse soutenir son équipe. J'ai eu le droit de faire la pause pour les matchs de la France et eux avaient ou la télé dans l'atelier pour les poules, ou partaient plus tôt quand le Brésil jouait ! Une belle expérience. Pipoca à gogo et feux d'artifices dans la ville à chaque but.

Depuis ce temps, mon oncle me fait toujours un peu la tête parce que je ne me suis pas forcée à fond pour apprendre le portugais (en un mois et demi! c'est que je bossais, moi, et par contre j'ai appris à faire des chaussettes, de la programmation à la réparation des aiguilles sur la machine et à l'emballage, merde quoi !) et je sais que la boite a fait faillite. Mais les brésiliennes, ce sont vraiment de grosses chiennes jalouses! Je n'allais pas lui piquer, son suisse de mari...

Mais je retournerais volontiers au Brésil, ça c'est sûr !

igua_u

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